Mais quand
ce professeur nous insulte en classe, quand il nous menace sur nos
examens, quand il nous met la pression grave pour nous faire commettre
une faute, quand on le dit au lycée malgré qu’on risque gros à parler,
lui il n’a aucune sanction (...) »
Dès le lendemain,
les pressions de l’administration, de certains enseignants, et des
CPE, se multiplièrent sur les élèves. Objectif : les faire revenir
sur leurs déclarations ; leur faire regretter ce rassemblement qui
a eu lieu sans heurt et sans faute...
La mobilisation des enseignants fut moins unanime : cinq professeurs
sur 42 seulement, cinq femmes, ont fait grève le lundi 23 mars pour
protester contre « une politique à deux vitesses » dont ces jeunes
dans ce coin de banlieue parisienne font les frais dans l’école.
Elles écrivent ce jour-là au proviseur ainsi qu’à l’ensemble de
la communauté éducative pour se désolidariser du comportement discriminatoire
et harcelant de cet enseignant à l’égard des élèves en classe et
pour dénoncer à leur tour les insultes à caractère raciste et sexuel
qu’ils profèrent en direction de ses élèves en toute impunité. Ces
cinq femmes posent en conclusion de leur lettre la question de savoir
si « la communauté éducative se reconnaît dans ce représentant du
personnel au conseil d’administration et au conseil de discipline
»
Leur lettre restera
sans réponse. Il semblerait que le comportement de l’enseignant
ne choque guère la plupart des adultes de cet établissement...
Sans se décourager malgré ce contexte peu glorieux, une classe décide
d’écrire une lettre ouverte, dont voici le texte signé par les élèves,
au ministre de l’Education Nationale, Monsieur Xavier Darcos.
Farid Taalba
Monsieur le Ministre,
Avant les vacances de février 2009, nous, les élèves de Bac Pro,
nous avons écrit une lettre au proviseur du lycée pour lui signaler
que notre professeur avait parlé de « la double pénétration » devant
toute la classe. Après les vacances de février 2009, nous avons
appris que notre surveillant était menacé de licenciement à cause
de ce Monsieur. A cette occasion, nous avons décidé d’écrire une
nouvelle lettre au proviseur datée du 10 mars 2009, dans laquelle
nous expliquons avec tous les détails la façon dont notre professeur
nous fait souffrir en classe.
Le proviseur n’a
répondu à aucune de ces deux lettres ; il a fait comme si de rien
n’était. En discutant avec d’autres élèves de cet enseignant, dans
d’autres classes, nous avons appris qu’il avait avec eux le même
comportement qu’avec nous. Eux aussi ont écrit des lettres au proviseur
pour décrire les humiliations que ce Monsieur leur fait subir en
classe. Nous avons aussi parlé à nos professeurs pour voir si ce
comportement de cet enseignant était normal. La grande majorité
de nos professeurs nous ont dit que ce n’était pas normal mais qu’ils
ne pouvaient rien y faire. Même certains nous ont dit que ses paroles
n’étaient pas si choquantes et que « le statut des professeurs leur
permettait certaines choses ».
Sur 42 professeurs, seules 5 professeurs nous ont compris et soutenus.
Notre proviseur nous a dit à propos de ces 5 professeurs sans les
citer nommément qu’elles nous avaient manipulés et qu’elles nous
avaient entrainés à faire une grève pour leurs comptes. Nous voulons
redire que nous avons fait grève de nous-mêmes pour protester contre
le licenciement de notre surveillant que nous trouvons toujours
injuste. Et que si il y a un manipulateur dans l’histoire c’est
le professeur et tous ceux qui le couvrent. Le jour de la grève
du 17 mars 2009, nous étions fiers et heureux d’exprimer notre solidarité
à notre surveillant.
Le proviseur a choisi de le licencier finalement.
Pour l’ensemble des élèves du lycée, cela a été un coup très dur.
Cela voulait dire qu’aux yeux du proviseur, nous ne valons rien
et que la grossièreté et l’injustice d’un professeur ne sera jamais
sanctionné. Après nous avons encore protesté dans un rassemblement
à la grille le mardi 24 mars 2009. Et encore une fois nous n’avons
pas été entendus par le proviseur. Les Conseillères Principales
d’Education n’ont pas arrêté de nous expliquer que nous étions manipulés
par les 5 professeurs qui nous ont soutenus. Mais comment 5 professeurs
ont pu manipuler la quasi-totalité des élèves présents ce jour-là,
soit 200 élèves environ, qui ont signé la pétition de soutien au
surveillant ?
Nous apprenons aujourd’hui que nos camarades de BEP ont dérapé en
frappant un élève de leur classe car il les avait trahis en présence
de l’enseignant et du proviseur. Nous ne sommes pas d’accord avec
cette réaction mais c’est la faute à la situation qu’on laisse pourrir
dans le lycée, qui nous laisse dans le vide, sans réponse, avec
des pressions des CPE et de l’administration qui cherchent à nous
transformer en coupables à n’importe quel prix.
Le mercredi 25 mars 2009, par exemple, le proviseur est venu nous
parler parce que nous venions de quitter le cours de Monsieur le
professeur qui venait une fois de plus de nous brimer. Le proviseur
nous a obligé de retourner en cours et nous a dit devant le professeur
que nos « arguments n’étaient pas valables car ils étaient sortis
de leur contexte. » Mais y a-t-il un contexte valable pour qu’un
professeur parle de la taille de son sexe en classe ?
Le proviseur nous a dit également, en parlant de nos courriers,
que « les élèves d’habitude incapables d’aligner trois mots avaient
cette fois produit une œuvre littéraire ». Nous avons maintenu devant
lui, tous, notre version des faits et il n’a rien voulu entendre.
Aujourd’hui, nous craignons pour notre CCF de maths – c’est la note
de maths au Bac Pro (pas d’examen final) et ce contrôle continu
est conçu et évalué par le seul enseignant en question (ndlr) –
et le proviseur ne prend pas de mesures pour nous protéger. Il continue
d’accuser les 5 professeurs de nous avoir « manipulés » et continue
de nier le comportement irrespectueux de l’enseignant. Aujourd’hui
ce professeur nous rajoute des heures de cours soi-disant pour nous
aider alors que nous n’en pouvons plus d’être en sa présence.
Cherche-t-on à nous faire déraper nous aussi quand on nous rajoute
deux heures de mathématiques de plus dans la même journée où nous
avions déjà trois heures de cours avec lui, ce qui nous amène à
cinq heures de cours avec lui dans la journée !
Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous aider et faire comprendre
que nous ne méritons pas d’être traités comme ça ?
Avec nos remerciements, recevez Monsieur nos salutations très respectueuses.
La classe de Terminale
Bac Pro...
Dimanche 22 mars 2009
Des événements
très lourds se déroulent ces jours-ci dans un lycée professionnel
du Val d’Oise. Etablissement établi dans la banlieue parisienne,
il regroupe des adolescents – que des garçons – dans des filières
industrielles sans grand avenir. Les taux d’absentéisme y sont prodigieux...
Une altercation
entre un assistant d’éducation et un prof vient de faire surgir
à la surface de l’institution l’étrange comportement de l’enseignant.
La première alerte fut donnée peu avant les vacances de printemps
2009. Des élèves Bac Pro signale à leur prof de français que l’un
de leur professeur vient de répondre de manière révoltante à une
question de cours.
Interrogé sur la double distributivité par ses élèves, cet enseignant
répond : « Je ne connais pas la double distributivité mais je connais
la double pénétration ». Il ne l’aurait pas dit à des élèves de
Neuilly, murmure-t-on dans la salle des profs. Le proviseur saisi
estimera que le terme double pénétration ne suffisait à faire sanctionner
l’enseignant.
Précisons qu’un élève, en particulier en banlieue, qui aurait parlé
de la sorte en classe aurait été impitoyablement puni et trainé
au conseil de discipline (dans lequel d’ailleurs le professeur en
question siège en tant que délégué du personnel...) conseil tenu
illico presto où l’on aurait fait pleurer sa mère. Est-ce un dérapage
malheureux du prof un jour de déprime ?
Il apparaît à la lecture de nombreux témoignages d’élèves – sur
lesquels nous reviendrons – qu’il s’agit plutôt d’un comportement
systématique de la part du leader enseignant de l’établissement.
L’altercation se déclenche tandis qu’un prof de français, recueille
ce premier témoignage des élèves en présence d’une CPE.
Au même moment
donc, il semblerait que cet enseignant dans les bureaux de la Vie
Scolaire provoque un jeune assistant d’éducation. Ce dernier, excédé
déjà depuis longtemps par le comportement harcelant de l’enseignant,
menace de lui casser la gueule et l’invite à sortir pour se battre.
Mais le professeur préfère se rendre à la police et porter plainte
contre le surveillant pour menaces de mort.
Conséquence
immédiate : l’assistant d’éducation (27 ans) est mis à pied et attend
chez lui son licenciement. Ses collègues de la Vie Scolaire écrivent
au proviseur une lettre pour le soutenir : « l’ensemble du personnel
Vie Scolaire tient à vous exprimer sa solidarité avec notre collègue
dans la situation qui le touche aujourd’hui.
En effet, il a toujours été un très bon élément de notre service,
(...) bon médiateur et communique avec une très grande facilité
avec nos élèves. (...) efficace, irréprochable, souriant et disponible,
sa bonne humeur est communicative. »
Ces salariés,
tous précaires, tentent dans ce courrier d’infléchir la décision
du proviseur. Les élèves, de leur côté, trois cents inscrits environ,
prennent tous le parti du surveillant. Issu comme eux d’une cité
de banlieue parisienne, autodidacte après des années de galère,
arrivé à la fac de Nanterre par la force du poignet, un modèle pour
ces jeunes, est menacé de licenciement à deux mois de ses partiels
: ils l’estiment et le respectent.
Et pour la première fois de l’histoire des banlieues récente on
assiste à la mise en place d’une action de solidarité des jeunes
en faveur de ce surveillant, non-violente et responsable.
Première
étape :
ils rédigent des témoignages à l’adresse du proviseur dont voici
quelques extraits :
« Nous, élèves
de la Terminale BAC PRO ... , voudrions vous signaler le comportement
de notre professeur Untel parce que les évènements se cumulent dans
notre classe et nous pensons maintenant que nous devons nous exprimer
collectivement à ce propos. Et nous aurions dû vous informer de
ça depuis bien longtemps. Et si nous ne l’avons pas fait jusqu’à
présent, c’est parce que nous avions peur d’avoir des représailles
de Mr Untel. Car il nous menace de nous saboter le CCF ( Contrôle
Continu en Formation (ndlr).
Dès le début de l’année, il nous a dit que dès que nous rentrions
dans sa classe, nous n’étions plus en démocratie mais en monarchie,
et que c’est lui qui fait ses propres lois. Il a même ajouté que
dans sa classe, les lois n’étaient pas les mêmes que dans l’ensemble
du lycée. Donc dans sa classe, nous vivons un régime particulier.
Il se permet régulièrement de nous dénigrer, de nous écraser verbalement
et de nous provoquer. Par exemple, un jour, il a dit à E. (un antillais
ndlr): « Moi, les noirs, je les appelle pas les noirs, je les appelle
les nègres ». Il a dit à M.A. qui lui demandait « Est-ce que c’est
parce que vous n’aimez pas ma tête que vous me virez ? » Mr Untel
a répondu : « Oui et dorénavant ce sera comme ça à chaque cours ».
Il a dit à T.A. (un jeune maghrébin – ndlr): « Qu’est-ce qu’il y
a ? Tu veux qu’on s’embrouille ? ». Très souvent, il nous pousse
à la faute parce qu’il prend le plaisir à nous punir. C’est le professeur
du lycée qui punit le plus souvent gratuitement et qui même invente
des motifs de punitions. Nous aimerions que cette situation cesse
parce que le comportement de Mr Untel continue d’être insultant
comme nous vous l’avions signalé avant les vacances à propos du
fait qu’il nous avait parlé de la « double pénétration » en classe. »
Tous les élèves de la classe signe ce texte.
A la suite
de cette classe, une autre, Terminale BEP témoigne à son tour et
rédige cette lettre au proviseur : « (...) nous comprenons la réaction
de notre surveillant (...) il avait dit d’une surveillante - africaine
ndlr – qu’elle avait « un cul grand grand comme un porte-avion »
(...) Il avait dit en classe : « Moi Untel j’ai un gros sexe »,
et dans une équation au tableau il a écrit ma copine est bonne .
2 On a rien dit car on avait peur de lui (...) Ce professeur a dit
aussi à B. (un jeune black -ndlr) qui lui avait présenté un travail
bâclé : t’as fait un bon travail d’arabe et en regardant les élèves
arabes il a rigolé. A deux élèves qui parlaient au fond de la classe,
il leur a dit : moi aussi je te nique ta race ». En plus, il fume
dans le lycée et à nous il fait des grands discours sur le règlement
intérieur. (...) Nous vous demandons de pardonner à notre surveillant
et de le garder dans le lycée car nous sommes sûrs que ce professeur
l’a provoqué comme il fait toujours. »
Tous les élèves de cette classe signe ce texte.
Des élèves
de cette classe écrivent un second texte : « Il a dit à S.B. (un
africain ndlr) qui lui demandait d’arrêter de lui parler comme à
un chien, Mr Untel a répondu : « mais tu es un chien. »
Une autre classe témoigne encore, des secondes Bac Pro, en ces termes
notamment : « Monsieur Untel a un comportement provocateur et humiliant,
il n’hésite pas à rabaisser les élèves qui n’ont pas compris un
exercice (...) Il se permet de parler au féminin aux élèves ayant
des cheveux longs (...) Il téléphone et envoie des SMS en cours
(...) Tous les élèves de ce groupe signent ce texte.
Aux attestations collectives se joignent des attestations individuelles,
comme celle de T.A. : « (....) Récemment, il m’a dit en me provoquant :
« est-ce que tu veux qu’on s’embrouille ? » Il voulait que je le
tape dans le lycée pour me faire exclure. Et plusieurs fois quand
je lui proposais de parler avec lui, il me répondait : « non, on
parle pas, dans ma classe c’est une dictature ». Je vous prie d’excuser
notre surveillant car Monsieur Untel s’amuse à mettre les gens sous
pression. » Comme celle de M. (un africain – ndlr) : « Monsieur
le Proviseur, je veux vous dire que je me suis auto-exclu du cours
de Monsieur Untel car je n’en pouvais plus de ses provocations ».
Comme celle de la mère de M. qui raconte son entrevue avec l’enseignant
dans le bureau du proviseur : « Mon mari et moi avons été amenés
à demander un rendez-vous à Monsieur le Proviseur du lycée en raison
de la ségrégation pratiquée par Monsieur Untel à l’égard de notre
fils (...) - comme on l’a vu dans le courrier de la classe, M. était
systématiquement exclu ndlr – A la demande de mon fils qui ne comprenait
pas ces exclusions, Monsieur Untel a répondu que sa tête ne lui
revenait pas, et qu’il serait exclu des cours quand l’envie lui
prendrait (...) En cas d’absence,(mon fils s’était cassé la clavicule
au début du premier trimestre) les contrôles ont été systématiquement
notés à 0. Les contrôles exécutés les jours de grève des transports
étaient rattrapés pour les autres, et notés à 0 pour mon fils (...)
il y avait une injustice criante (...) dénoncée par Monsieur le
proviseur. Monsieur Untel s’est alors montré méprisant, arrogant
et insultant à notre égard. Il s’est permis de quitter le rendez-vous
sans un mot à la grande surprise et au grand désaccord du proviseur. »
2ème étape :
tous les élèves du lycée signent la pétition suivante, classe par
classe :
« Nous, élèves
du lycée... nous soutenons notre surveillant qui risque de perdre
son travail à cause de Monsieur Untel. Notre surveillant a toujours
eu avec tous les élèves un comportement irréprochable, et ce qui
lui arrive est très injuste. »
Le proviseur
réagit à ce courrier en reportant une seconde fois sa décision finale !
3ème étape : Dès lors, ulcérés, le mardi 17 mars, l’ensemble des
élèves de ce lycée professionnel après avoir déposé quinze préavis
de grève pour la journée en provenance de quinze classes quittent
l’établissement dans le plus grand calme, marée humaine pour la
justice, sans crier, sans courir, sans parler, ils passent la grille
du lycée et rentrent chez eux. Pas de casse. Réaction de l’administration :
des coups de fil en masse sont passés aux parents, pour dire à certains:
que la grève n’existe pas et que leur fils est sorti seul de la
classe... ou que la grève n’est pas légale ou que le stage professionnel
sera supprimé en représailles ou que... des mensonges...
Mais les
jeunes, pourtant incompris par leurs parents, parfois frappés, ne
cèderont pas et malgré la puissante machine mise en œuvre pour pressurer
les familles, la grève est un succès total : 95% de participation.
Quinze enseignants (sur quarante environ) signent le même jour le
texte suivant : « Nous avons assisté aujourd’hui au départ des élèves
qui s’étaient mis en grève suite aux menaces de licenciement concernant
l’assistant d’éducation.
Depuis plusieurs
jours, la tension est très vive dans les rangs des élèves et nous
estimons que leur choix de partir et de quitter les lieux était
préférable à un climat qui aurait pu dégénérer. »
Réponse du proviseur, affichée dans le hall et dans la salle des
profs :
« Mesdames, Messieurs, notre lycée supporte actuellement un climat
délétère lié aux rumeurs de tout ordre qui circulent au sujet d’un
professeur de maths-sciences physiques ainsi qu’au mouvement d’humeur
de certains élèves (...) Je n’ose penser que nos élèves ont été
volontairement manipulés par certains adultes de l’établissement
(...) vous devez adopter une attitude d’exemplarité et de discernement
face à ce type de situation (...) Nos élèves ont besoin (...) de
toute notre attention, de tous nos efforts pour qu’ils puissent
travailler sereinement dans un climat propice à leur réussite.»
Le 12 mars,
quelques jours auparavant, 19 profs avaient eux-mêmes été l’auteur
d’une pétition de soutien au surveillant : « Nous, personnels enseignants
du lycée..., souhaitons par cette lettre apporter notre soutien
à notre jeune collègue assistant d’éducation. Ce jeune homme a toujours
eu envers nous un comportement exemplaire et chaleureux. Par rapport
aux élèves nous avons constaté qu’il savait être à leur écoute et
qu’il savait régler par son professionnalisme des situations qui
auraient pu dégénérer. C’est pourquoi nous vous demandons de bien
vouloir étudier avec la bienveillance requise son retour le plus
rapide possible, afin que la sanction ne paraisse pas démesurée
par rapport aux faits qui lui sont reprochés. »
Le 10 février
précédent, une enseignante signale par écrit au proviseur en sortant
d’un conseil de classe : « Je tiens à vous faire part de ces faits
qui se sont déroulés lors du conseil de classe de la Terminale Bac
PRO (qui avait eu lieu la veille - ndlr) et qui m’ont profondément
choqués. Monsieur Untel, une fois encore, s’est distingué par des
appréciations sur les bulletins des élèves d’un caractère humiliant,
fortement connotées et touchant au droit de la personne (...) »
Finalement, le vendredi 20 mars 2009, assisté d’une prof de français,
l’assistant d’éducation est reçu dans le bureau du proviseur pour
s’entendre signifier la décision définitive. Après un chapitre vantant
les mérites du jeune homme, à ses yeux incontestables, ce qu’il
avait à plusieurs reprises reconnu maintes fois auprès de différents
interlocuteurs, le proviseur du lycée remercie l’assistant d’éducation
pour les services rendus et lui transmet de la main à la main une
lettre de licenciement : « Au cours de l’entretien préalable en
date du 10 mars 2009, je vous ai demandé de vous expliquer sur les
agissements dont vous avez été l’auteur, à savoir : menaces de mort
à l’encontre de Monsieur Untel (...)Ces faits constituent une faute
grave, par votre comportement vous donnez aux élèves un exemple
déplorable (...) Je suis contraint de mettre fin à votre contrat
de travail, votre attitude rendant impossible la poursuite de votre
activité professionnelle au sein de notre établissement. Par la
présente, il vous est notifié votre licenciement sans préavis ni
indemnité de rupture. »
Le proviseur, qui agitait nerveusement son pied sous le bureau,
se montra même très généreux en proposant au surveillant un poste
dans un collège à côté (ce qui laisse perplexe : il aurait donc
défendu la candidature d’un « menaceur » de mort ??).
Poste, on le savait déjà, de toute façon incompatible avec l’emploi
du temps de l’étudiant...
Quant à Monsieur
Untel, il est toujours là, fidèle au poste, avec son petit sourire
nuisible, hautain, répétant à l’envie : « Je me suis sacrifié pour
ce lycée, j’ai tout donné, corps et âme... » Comment les élèves
vont-ils réagir en apprenant le licenciement du surveillant ? Les
professeurs qui soutenaient le jeune homme vont-ils participer à
la grève de protestation prévue pour le lundi 23 mars ?
A suivre... A
l’aide !
Farid Taalba
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